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Les marques françaises séduisent les investisseurs étrangers

27.05.2013

Les griffes nationales, à l'instar de Sandro ou Maje, attirent fonds financiers et industriels du secteur.

Dites à un Américain ou à un Chinois que l'habillement est en crise en France, il ne vous croira pas. Car les plus belles des marques françaises font, elles, un carton à l'international. Malgré la crise, la French touch a la cote auprès des investisseurs du monde entier. Fonds en quête d'intéressants placements ou industriels souhaitant étoffer leur portefeuille de marques, ils multiplient les acquisitions de griffes françaises «qui ont, entre autres qualités, celle d'avoir bien traversé la crise», note Laurence Danon, coprésidente du directoire de la banque Leonardo & Co. en France.

Américains, anglais, asiatiques, indiens ou qatariens, ces nouveaux argentiers de la French touch croient tous en son attractivité, jusque dans leur pays. Mais n'ont pas les mêmes critères de sélection. Les plus puissants n'hésitent pas à payer très cher des marques en pleine ascension, déjà connues à l'international, dont il s'agit d'accélérer la percée en dehors de la France. Positionnées sur ce créneau du luxe accessible,SandroMaje et Claudie Pierlot (SMCP) ont réussi à attirer les plus grands noms de la finance avant de céder 65 % de leur capital à l'américain KKR. Zadig & Voltaire a, lui aussi, ouvert son capital à un américain. D'ici un ou deux ans, le français The Kooples, actuellement soutenu par LBO France, pourrait prendre le même chemin après avoir connu une ascension étonnante.

Le luxe fait rêver

D'autres acheteurs misent plus volontiers - et plus modestement - sur de jolies petites griffes prometteuses. Les marseillaises et familiales Le Temps des Cerises, Japan Rags ou encore American Vintage ont reçu des offres d'intérêt. Kaporal, petit jeanner lui aussi marseillais, vient d'ailleurs de séduire le fonds anglais TowerBrook Capital Partners. Un fonds très actif qui avait acquis une autre marque de jean, américaine, True Religion. TowerBrook avait également misé sur le chausseur anglais Jimmy Choo, bien avant Sex and the City. Il le revendra trois fois plus cher.

 
 

Si les marques s'achètent et se vendent ainsi, c'est aussi parce qu'il est très difficile d'en créer de nouvelles ex nihilo.Une situation qui donne toutes leurs chances à des marques plus anciennes, icônes endormies voire déclinantes, à l'image de Sonia Rykiel, qui avait besoin d'être redynamisée et propulsée à l'international. Un chinois va tenter le pari. «Avant Sonia Rykiel, Lanvin avait été la première marque de luxe française à être rachetée par des Chinois», rappelle Laurence Danon. Plus surprenant, c'est à un industriel indien, Fibres & Fabrics, que les créateurs Marithé et François Girbaud, en difficultés financières, ont dû s'adosser, en 2012.

Si le luxe fait rêver, les cibles y sont rares et souvent hors de prix. «L'essentiel, pour les acheteurs, souligne Damien Bachelot, coprésident d'Aforge Finance, est de déceler la capacité des marques à monter en gamme et à se décliner sur d'autres produits que les vêtements, des accessoires aux parfums. Il s'agit de proposer à l'international une offre reflétant un véritable art de vivre à la française.» C'est en effet à ces conditions qu'une marque peut prétendre à entrer dans l'univers du luxe, où les marges sont bien plus élevées. Restée familiale, agnès b. est allée jusqu'à apposer sa marque sur cafés et fleuristes à Hongkong. C'est parce que Jean Paul Gaultier avait, lui, déjà traduit son succès en flacons, que l'espagnol Puig (Paco Rabane, Nina Ricci) a mis la main, en 2011, sur la griffe pour 100 millions d'euros. Puig savait qu'il la rachetait sans sa licence parfum, mais espère la récupérer après 2016, quand le contrat qui assure encore à Shiseido les juteux revenus des parfums Jean Paul Gaultier arrivera à échéance.