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Le Venezuela face à la violence postélectorale

18.04.2013

 

Mardi soir, les pro et antichavistes se sont affrontés dans de nombreuses villes à coup de décibels. D'un côté, les membres de l'opposition tapaient sur des casseroles dans la rue ou à leur balcon. De l'autre, les partisans de Nicolas Maduro ont improvisé des concerts un peu partout dans le pays. Si la tension est toujours forte dans les artères des principales villes du pays, ces manifestations se sont déroulées dans un climat moins violent que celles de la veille qui avaient vu s'affronter physiquement les deux groupes, faisant au moins sept morts, la plupart en province. Le ministre de l'Intérieur a annoncé que six des sept personnes décédées appartenaient au parti au pouvoir, le PSUV. Le septième est un policier. Les incidents font souvent suite à l'arrivée de bandes de motards prochavistes qui viennent au contact des manifestants. Les armes circulant très facilement dans le pays, ces provocations se finissent souvent par des tirs d'arme à feu.

Nicolas Maduro a dénoncé «l'irresponsabilité» de Henrique Capriles qui a appelé la population à manifester pour réclamer un recomptage de 100 % des votes. Il l'a qualifié de nouveau Carmona en référence à l'homme d'affaires Pedro Carmona à la tête du coup d'État raté de 2002 contre Hugo Chavez. «Le nouveau Carmona a appelé ses partisans à attaquer la maison de Tibisay Lucena (la présidente de l'autorité électorale, le Conseil national électoral NDLR). Tu as appelé à la violence! C'est ce que veulent les États-Unis: des milliers de morts comme en Syrie et en Libye.»

Une présidentielle contestée

Henrique Capriles a organisé une conférence de presse, mais sa diffusion a été retardée par la multiplication des cadenas (émission officielle dont la diffusion est obligatoire pour toutes les chaînes nationales) dans la journée de mardi. Commencée à 17 heures et diffusée seulement par Globovision, elle a été interrompue par un nouveau cadena à 18 heures qui a duré 70 minutes. La chaîne d'information continue Globovision est la seule engagée du côté de l'opposition. Henrique Capriles a déploré les violences et appelé à la paix. Il a demandé de continuer les cacerolazos, manifestation pendant lesquelles on tape sur des casseroles, chaque soir à 20 heures, mais annulé la démonstration de force prévue hier mercredi qui devait conduire le cortège d'opposants vers le centre de Caracas où se trouve le siège du CNE. «Les services de renseignements vénézuéliens nous ont informés que des infiltrations de provocateurs étaient prévues.»

Henrique Capriles a donné des précisions sur les 3200 fraudes que l'opposition a relevées lors du scrutin de dimanche 14 avril. Selon lui, les représentants de l'opposition ont été rejetés de 286 bureaux de vote, «parfois avec des armes à feu», où sont inscrits 722.983 électeurs. Il y aurait plus de 600.000 personnes décédées sur les listes électorales. Ses partisans ont relevé de la propagande électorale en faveur de Nicolas Maduro dans 421 bureaux de vote. Le «vote assisté», vote sous le regard d'un représentant chaviste, a été relevé dans 564 bureaux. «Je ne demande que le recomptage des voix. Le gouvernement ne le veut pas car il préfère la violence.» Il a fait part d'une conversation téléphonique entre les deux candidats juste avant la diffusion des résultats dimanche soir pendant laquelle il aurait suggéré ce recomptage des voix sans proclamation des résultats. «Il m'a répondu, je dois consulter. Mais qui consulte-t-il? Raul Castro?» Le Tribunal suprême de Justice, plus haute instance judiciaire, a tranché mercredi en jugeant «impossible» tout recomptage.

À l'assemblée nationale, le président du Parlement, Diosdado Cabello, a refusé le droit de s'exprimer aux députés qui ne reconnaissaient pas la légitimité de l'élection de Nicolas Maduro. Un député de l'opposition, William Davila, a été gravement blessé à la tête et a dû être hospitalisé. Pendant le troisième cadena de la journée, Nicolas Maduro a fait un appel aux médias: «Ils doivent dire avec qui ils sont. Avec la patrie, la paix et le peuple ; ou vont-ils retourner du côté des fascistes?»