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Ibrahim Boubacar Keïta a prêté serment mercredi après son triomphe à l'élection présidentielle d'août.

05.09.2013

Ibrahim Boubacar Keïta est depuis mercredi officiellement président de la République du Mali. Une officialisation du retour à la normalité qui est une bonne nouvelle aux yeux de la France. Paris a voulu et largement soutenu l'installation rapide d'un chef d'État légitime et fort au Mali. Or, IBK est un vrai homme fort, assis sur une victoire - 77,62 % des voix au second tour - d'une ampleur qui a surpris. «On avait sans doute sous-estimé le traumatisme des Maliens», assure un diplomate. On avait sans doute aussi trop perdu de vue que la guerre au nord du pays et le coup d'État étaient le fruit de l'effondrement d'un système vermoulu tout aussi rejeté par le peuple que le président déchu Amadou Toumani Touré, dit ATT. IBK, lui, l'a parfaitement compris.
Il a su se transformer en l'incarnation de la lutte contre le système et contre ATT. Les Maliens se sont souvenus qu'IBK avait affronté deux fois dans les urnes ATT en 2007 et en 2002 lors d'un scrutin contesté. Ils se sont aussi souvenus qu'IBK s'était montré critique à l'égard d'ATT ces dernières années. L'art d'IBK aura été d'avoir fait oublier qu'il fut longtemps l'un des piliers de ce même système en tant que premier ministre puis en tant que président de l'Assemblée nationale.
Un homme fort et décidé
Le nouveau président malien a aussi recueilli les fruits de ses attaques contre la politique d'ATT vis-à-vis des Touaregsqualifiée dès 2006 de trop favorable. Car, tout autant qu'un référendum anti-ATT, l'élection de cet été fut pour les Maliens un moyen d'exprimer leur méfiance envers les Touaregs, souvent perçus comme les seuls responsables des malheurs du pays.
La dernière raison au triomphe d'IBK tient à sa personnalité et à son image d'homme fort et décidé. Après des années de consensus, les Maliens ont apprécié les phrases fortes et les postures gaulliennes du candidat. Le choix de son slogan, «Pour l'honneur du Mali», démontre à quel point IBK a su jouer de la fibre patriotique froissée de ses compatriotes.