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Entre Paris et Berlin, une longue liste de contentieux

31.05.2013

De la gouvernance de la zone euro aux sanctions contre la Chine, en passant par l'affaire BAE-EADS, les contentieux franco-allemands sont nombreux. Rappel des principaux sujets de friction présents et passés.


- Gouvernement de la zone euro

Paris veut instaurer «un gouvernement économique» de la zone euro. Berlin n'est pas contre mais se méfie des arrière-pensées françaises. «Ce gouvernement harmoniserait la fiscalité et commencerait à faire convergence sur le plan social, par le haut…», a indiqué François Hollande le 16 mai. S'il y a bien deux spécialités françaises que Berlin ne souhaite pas généraliser en Europe, ce sont ses impôts et ses dépenses sociales records!

- Euro fort, BCE

L'euro est fort, «trop fort», répète-t-on à Paris. Ce slogan n'est pas nouveau, mais il irrite les Allemands, très attachés à l'indépendance de la BCE. «Une zone monétaire doit avoir une politique de change», a lâché François Hollande en février 2013, déclenchant l'ire de Berlin. La Chancellerie n'a guère plus apprécié que le président français fasse l'éloge de la politique monétaire japonaise, le 16 mai, et déclare que «la BCE devait remettre les liquidités» afin de soutenir les PME européennes…

- Eurobonds, capacité budgétaire

«La zone euro doit se doter d'une capacité budgétaire et doit pouvoir lever des emprunts», a affirmé François Hollande mi-mai. Un double épouvantail pour Berlin qui refuse «l'union de transferts» et s'oppose aux euro-obligations en l'absence d'un contrôle centralisé des budgets nationaux à Bruxelles. «Les eurobonds sont économiquement mauvais et contre-productifs», estimait Angela Merkel en juin 2012. Son avis n'a pas changé depuis un an.

- Guerre commerciale avec Pékin

L'Allemagne s'oppose aux sanctions commerciales contre Pékin demandées par la Commission européenne pour lutter contre le dumping des panneaux solaires chinois. Berlin craint les rétorsions de Pékin. Paris au contraire soutient la décision de la Commission européenne. La décision d'imposer ou non des droits de douane de 47 % aux importations chinoises sera prise par Bruxelles le 5 juin.

- Affaire BAE-EADS

En octobre dernier, EADS - la maison mère d'Airbus - a renoncé à son projet de mariage avec le britannique BAE qui aurait donné naissance au numéro un mondial de la défense et de l'aéronau­tique. L'échec fut retentissant. Mais Angela Merkel a dit nein à François Hollande. Elle redoutait que l'Allemagne perde de son influence dans le nouveau géant. Rassurée, Angela Merkel a ensuite donné son feu vert à un changement radical d'actionnariat et de gouvernance au sein d'EADS qui conforte les intérêts allemands.

- Le divorce Siemens-Areva

On l'oublie parfois de ce côté-ci du Rhin: le réacteur nucléaire EPR est une création franco-allemande, plus allemande que française, ajoutent certains experts. C'est notamment pour développer ce réacteur conçu dès les années 1990 que Siemens a scellé une alliance avec la branche Areva-NP (ex-Framatome) en 2001. Le groupe allemand a acquis 34 % du capital de la filiale du français. Des années durant, les Allemands demandèrent à prendre une participation dans la maison mère, dirigée par Anne Lauvergeon. L'État français fit la sourde oreille. Jusqu'à ce qu'en 2009 Siemens annonce soudain la rupture. Depuis, les divorcés, non sans tension, surveillent leur progéniture, l'EPR en Finlande dont le chantier est très en retard.