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Basket: les Bleus sont enfin champions d'Europe

23.09.2013

Après plus de 75 ans d'attente, l'équipe de France de Tony Parker a enlevé son premier grand titre après une finale de l'Euro 2013 messieurs de basket sur laquelle elle a plané comme dans un songe face à la Lituanie (80-66), ce dimanche à Ljubljana. Ljubljana, ce nom à la résonance si poétique, restera à jamais gravé dans le marbre de l'histoire du basket français. Après tant d'espoirs déçus, un vide immense a enfin été comblé par la grâce d'un diablotin surnommé "T.P." et de ses coéquipiers. 

Tous se sont mis à l'unisson pour offrir ce triomphe espéré après la demi-finale remportée devant l'Espagne, mais qu'il restait à entériner. Au coup de sifflet final, ce ne furent que joie délirante, embrassades rieuses, Parker enlaçant longuement tous ses camarades, dont son ami de toujours et capitaine Boris Diaw. Déjà champion d'Europe avec son équipe féminine en 2001 et 2009, plusieurs fois récompensé tout au long de la dernière décennie chez les jeunes, le basket hexagonal attendait, avec une impatience chaque année plus aiguë, la consécration de son équipe-phare. 

La France, qui succède au palmarès à l'Espagne, son tombeur en finale en 2011, aura dû attendre son 36e Championnat d'Europe - un record - pour y parvenir. Ce n'est que justice que cette première médaille d'or lui soit offerte par la génération de Parker, le meilleur basketteur français de l'histoire. Avec les Bleus, le meneur de 31 ans a dû prendre son mal en patience. Il a connu beaucoup de déceptions cruelles, comme les défaites en demi-finale de l'Euro en 2003 et 2005, et en quart en 2007 et 2009, et peu de gratifications (bronze en 2005, argent en 2011). 

Une déferlante sur la tête

Comme Diaw, avec lequel il a tout partagé sous le maillot tricolore, le voilà enfin récompensé pour son 7e Euro personnel (record d'Hervé Dubuisson égalé). Ses coéquipiers savent tout ce qu'ils lui doivent dans cette conquête majestueuse. Car, après s'être un peu économisé lors des premiers matches, Parker a ensuite été sublime en quart de finale (27 points contre la Slovénie) et en demi-finale (32 points). Et en finale, sans doute à son grand étonnement, il n'a même pas eu à forcer son talent, tant ses camarades ont été prodigieux (12 points). 

Les deux équipes ont proposé un basket endiablé : rythme, engagement, adresse. A ce petit jeu, les Bleus ont été les plus en verve, au cours d'une première période de rêve, aux antipodes de celle accomplie contre l'Espagne. A la pause, ils menaient déjà de 16 points (50-34), après un tir pris à 9 m par Antoine DiotNicolas Batum, comme pour exorciser un Euro au cours duquel il n'a pas toujours brillé, en était lui à 17 points (autant au final). 

Les dix Français entrés en jeu avaient apporté leur écot, même ceux qu'on attendait le moins, comme Johan Petro. A ce moment-là, le pourcentage d'adresse des Bleus était fantasmagorique (63%). Les Lituaniens n'avaient tenu que par le sang froid de Linas Kleiza (17 points, 20 au total). Mais son entraîneur Jonas Kazlauskas a commis l'imprudence de le sortir à la 15e minute. Et les Baltes ont reçu une déferlante sur la tête, avec un 21-5 inscrit par la France en cinq minutes. 

Les frustrations balayées

Avec la même intensité en défense, la même concentration au rebond, les Bleus ont continué leur oeuvre, Diaw prenant à son tour le soin de faire grimper le score sur la défense de zone lituanienne. Les Bleus n'ont ensuite eu qu'à geler le ballon en allant à la limite des 24 secondes, Parker tuant dans l'oeuf tout semblant de rébellion lituanienne. Le paradoxe dans ce sacre est que cette équipe n'est pas la plus complète que la France présentée. Celle de 2011 lui était sans doute supérieure, mais elle était tombée en finale sur des Espagnols évoluant dans un monde parallèle. 

Cette année, les Français ont mené une première partie de campagne moderato, suscitant même pas mal d'inquiétudes sur leurs chances d'aller au bout. Mais ils ont su trouver une vraie cohésion à partir des quarts, et ont montré une rage folle pour passer outre un tirage très compliqué. Toutes les frustrations de la dernière décennie enfin balayées, le basket français peut maintenant espérer trouver un nouvel essor, à condition de mieux exploiter ce titre qu'il ne l'avait fait avec la médaille d'argent de Sydney en 2000.